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BOILEAU ET LE TRAVAIL DU STYLE 187 choses très ordinaires. Mais le travail ranimait tout et créait vraiment son originalité. II C’est Boileau qui a donné la théorie la plus clas sique du travail littéraire. Au début de son Art poétique, il proclame la nécessité de l’inspiration. Ce point admis, le labeur et l’application résument tous ses conseils. Il a lui-même prêché d’exemple. A force de disci pline et de patience, il a laissé une œuvre qui res- tera un éternel modèle de bon sens et de bon goût. Le célèbre satirique n’était peut-être pas poète, au sens imaginatif du mot, mais il est incontestable- ment artiste pour la science du style. Il a exposé sa méthode dans une page qu’on devrait inscrire en tête de tous les Cours de littérature : « Je ne suis point de ces auteurs fuyant la peine, qui ne se croient plus obligés de rien raccommoder à leurs écrits, dès qu’ils les ont une fois donnés au public. Ils allèguent, pour excuser leur paresse, qu’ils auraient peur, en les trop remaniant, de les affaiblir et de leur ôter cet air libre et facile qui fait disent-ils, un des plus grands charmes du discours, mais leur excuse, à mon avis, est très mauvaise, « Ce sont les ouvrages faits à la hâte, et, comme on dit, au courant de la plume, qui sont ordinairement sec5, durs et forcés. Un ouvrage ne doit point paraître, trop travaillé ; mais il ne saurait être trop travaillé, et