Aller au contenu

Page:Albanès,Les mystères du collège,1845.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
MYSTÈRES

jours de même, je suis d’avis de m’en tenir toute la vie à la médecine. Je trouve que c’est le métier le meilleur de tous ; car soit qu’on fasse bien, soit qu’on fasse mal, on est toujours payé de même sorte… » — C’est un peu soigné ça, qu’en dis-tu ? — Écoute, écoute… « La méchante besogne ne retombe jamais sur notre dos ; et nous taillons comme il nous plaît sur l’étoffe où nous travaillons… » — Que penses tu de cette dernière phrase, hein ? — O Dieu, quel coup de canne pour la médecine !… Mais c’est qu’en effet je trouve que ce farceur de Molière a raison. — Oh ! farceur… pas tant farceur que l’on croit. Tiens, écoute cette fin-là. « Un cordonnier, en faisant des souliers, ne saurait gâter un morceau de cuir qu’il n’en paie les pots cassés ; mais ici l’on peut gâter un homme sans qu’il en coûte rien. Les bévues ne sont point pour nous, et c’est toujours la faute de celui qui meurt. Enfin, le bon de cette profession est qu’il y a parmi les morts une honnêteté, une discrétion la plus grande du monde ; et jamais on n’en voit se plaindre du médecin qui l’a tué. »

Oh ! mais dis donc, lire de pareilles choses à l’infirmerie, y songes-tu ? Si le docteur savait ça il te ferait joliment confisquer ton livre. Et si une autre personne que les camarades nous a entendus et qu’elle aille rapporter ? — Ah ! ma foi au petit bonheur ; est-ce qu’on se fait mettre à l’infirmerie pour bâiller, pour s’ennuyer ? Tiens, si tu veux, je vais recommencer toute la pièce. — Eh bien, ça me va… je t’écoute. »