haute en homme fier de sa position. Cependant le collégien le considère comme un être anonyme et presque toujours
patre nullo, comme dit Tite-Live, et il ajoute : « D’où vient-il ?
de quel sang est-il sorti, quo sanguine cretus ? » Mais, ô illusion !
quelle que soit son origine, il dit compter parmi
les siens des généraux de l’Empereur des hommes de robe
de la plus haute distinction, des dignitaires. Il n’avouerait
pas, sans que son front rougît, qu’il est, comme Augereau,
fils d’un fruitier ; il se croirait perdu à tout jamais ! Le collégien,
que l’on pourrait dire l’inventeur de la malice, voit
les côtés vulnérables de son homme et se dit : « Là est le
tendon d’Achille,
lançons-y nos flèches. » C’est ainsi
qu’un jour, un pion
devant aller en soirée,
habillé à neuf
des pieds à la tête
(nous parlons très-sérieusement),
trouve, au moment où
il allait partir, à la
place d’un beau
chapeau de soie
que le marchand
venait de lui livrer,
un chapeau tout
petit, et auquel le
temps avait donné
une couleur de tabac
d’Espagne.
Mais, ô désespoir !
il fallut absolument
partir ; il devait
être présenté à une
famille fort distinguée.
« J’ôterai, se
dit-il, mon chapeau avant d’entrer, on prendra cela pour un
excès de politesse. »
0 désespoir ! le sort l’accable, le pour-
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DU COLLÈGE
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