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Page:Albanès,Les mystères du collège,1845.djvu/93

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touilleux que l’est le menuisier quand une main profane, une main inhabile a touché à sa scie. Il se fâche, et gare au coupable ! Aussi, quand le pion fait punir le copain d’un collégien, oh ! il sait jusqu’où peut aller l’amitié en courroux ! Les imprécations de la Camille des Horaces ne sont que des roses, que de la Saint-Jean en comparaison ! Cependant, cet Achille, armé d’une règle, dans l’emportement, dans la fureur, fait généreusement un retour sur lui-même et s’écrie, laissant tomber dédaigneusement à ses pieds l’instrument non tranchant :

        Rendez grâces au nœud qui retient ma colère !

C’est bien, très-bien, ça. Le dédain, dans certains cas, est une preuve de force.

Continuons ; il est fâcheux qu’au collège on n’admette pas de remplaçants dans les punitions, car le copain ferait assaut de dévouement ; mais l’intention est réputée pour le fait, et d’ailleurs le peu que nous avons dit du copain suffit pour le faire connaître et comprendre.

Cependant encore un mot à l’appui de notre assertion.

Le cardinal de Fleury, fils d’un simple receveur de tailles, et le maréchal de Villeroy, jeunes tous deux, jurèrent, sur la croix et l’épée, de s’aider mutuellement dans leur fortune, et, qu’en cas de disgrâce, l’un ferait rendre justice à l’autre ou partagerait son sort. Fleury fut précepteur de Louis XV et Villeroy en fut le gouverneur. C’est alors que les deux copains