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Page:Albert Mathiez - Le dix août - Hachette 1934.pdf/111

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L’INSURRECTION

seulement une assemblée de surveillance, mais une assemblée d’exécution, de qui, seule, les sections recevront des ordres.

Cet arrêté capital des Quinze-Vingts fut aussitôt communiqué aux autres sections qui l’adoptèrent avec empressement et nommèrent sur-le-champ des commissaires pour les représenter à l’Hôtel de Ville. Les Quinze-Vingts nommèrent Rossignol, Huguenin et Balin. Mauconseil nomma Lullier, Gomé et Bonhommet : l’Arsenal, Concedieu, Caillouet et Violet, etc. La plupart des élus avaient déjà siégé dans des assemblées de commissaires antérieures. Plusieurs procès-verbaux qui subsistent, par exemple celui de la section de Montreuil, notent formellement que seuls les citoyens actifs participèrent à l’élection. Le souci de l’unité d’action était tel que la section dirigeante des Quinze-Vingts essaya d’arrêter la sonnerie du tocsin jusqu’à ce que la majorité des commissaires des sections fussent réunis à l’Hôtel de Ville et aient donné l’ordre de faire retentir « le terrible signal ». Le tocsin, qui avait commencé aux Quinze-Vingts dès 11 heures et quart, s’arrêta, en effet, jusqu’à 2 heures du matin. Il en fut de même dans la section voisine de Montreuil.

Les commissaires se rendirent à l’Hôtel de Ville les uns après les autres. Le conseil général de la Commune légale, convoqué par son président d’âge Raffron, en l’absence de Petion appelé au château par un billet de Mandat, siégeait dans sa salle habituelle, sous la présidence de Cousin, professeur au Collège de France, et sous l’œil soupçonneux des tribunes bien garnies et fort animées. Les commissaires des sections se réunirent dans une salle voisine et, vers trois heures du matin,