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Page:Albert Mathiez - Le dix août - Hachette 1934.pdf/82

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LE DIX AOÛT

pour cela et qui appuyeront les motions qu’ils s’aviseront de faire par de vigoureuses schlagues. » Le même journal voyait les arbres de la Liberté sécher à vue d’œil et trouvait que le manifeste de Brunswick était une consolation pour les honnêtes gens.

Le Journal général de France prédisait le retour des émigrés pour la fin du mois. Il annonçait, avec joie, que l’Angleterre déclarerait la guerre à la France si le roi était détrôné. La Correspondance politique déclarait que la guerre était une guerre de Jacobins : « C’est donc aux Jacobins à prendre les armes. Nous autres, nous les regarderons faire. » Elle chantait sur le mode lyrique les louanges de Brunswick : « Brunswick, si ta mission est plus noble mille fois que celle d’Agamemnon, ta gloire en deviendra plus illustre ! Puisse un nouvel Homère naître au milieu de tes armées ! »

Le directoire secret des Fédérés ft une nouvelle tentative pour déclencher enfin l’insurrection que Petion avait déjà fait échouer à deux reprises. Billaud-Varenne avait proposé aux Jacobins, le 3 août, de former un camp dans les Champs-Elysées et autour du château pour empêcher le départ de la famille royale. Les Fédérés accueillirent l’idée. Leur directoire se réunit au Cadran Bleu le lendemain, puis dans la chambre d’Anthoine. Dans cette même journée, deux officiers municipaux chargés de la police et de la garde nationale, Panis et Sergent, firent délivrer aux Marseillais 5 000 cartouches à balles et dans la nuit les Marseillais, conduits par Chaumette et Momoro, quittèrent la Nouvelle-France pour s’établir sur la rive gauche dans la section du Théâtre-Français où ils occupèrent un cantonnement que venaient de quitter les Fédérés brestois passés au faubourg Saint--