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Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/135

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DE LA PEINTURE

Après avoir opéré avec soin, comme il est dit ci-dessus, je trace une nouvelle ligne transversale dont les points soient à égale distance de « ceux des lignes inférieures et qui coupe les deux côtés debout du grand rectangle, en passant par le centre. Cette ligne me sert de limite et de borne pour toute quantité qui n’excède pas la hauteur de l’œil du spectateur. On la nomme ligne centrique parce qu’elle passe par le point de centre. Il en résultera que les hommes qui seront peints entre les dernières parallèles se représenteront beaucoup plus petits que ceux qu’on tracera posés entre les parallèles précédentes : non pas que ceux-là soient d’une stature moindre que ces derniers, mais parce qu’étant plus loin, ils sembleront plus petits ; phénomène que la nature nous démontre avec évidence, car, dans une église, ne voyons-nous pas toutes les têtes des assistants à une même hauteur à peu près, tandis que les pieds des plus éloignés semblent arriver aux genoux des plus rapprochés ?

Ce procédé pour diviser le sol a particulièrement rapport à ce qu’en son lieu et place nous nommerons la composition. Il est tel, que je crains qu’il ne soit pas bien compris du lecteur, tant à cause de sa nouveauté qu’à cause de la brièveté de ces commentaires. C’est là une méthode qui ne fut pas connue de nos prédécesseurs, ainsi que nous le constatons par la lecture de leurs œuvres, car elle est difficile et abstraite. Aussi, trouveras-tu à grand’peine un sujet qu’ils aient bien composé, bien peint, bien formé ou bien sculpté. Voilà pourquoi j’ai développé cette mé-