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Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/48

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LEON-BATTISTA ALBERTl.

un droit. On le rédige, il est écrit. L’idée philosophique et ridée historique se dégagent, et le droit passe enfin par la science, critérium absolu dont tout doit sortir pour être réputé la vérité.

Il fallait que l’étude du droit eût pour Alberti de bien grands charmes, et pour les goûter il fallait qu’il en perçût toute la philosophie, car il y travailla avec une telle ardeur, que sa santé en fut ébranlée. Pendant une grave maladie, résultat de son assiduité, il eut à se plaindre de ses proches parents. Sans doute il avait perdu son père. Son éloignement pour les affaires le fit peut-être prendre en mépris. N’avait-on pas vu Fibonacci, aux siècles antérieurs, taxé de fainéantise et traité de bigollone ? L’intrépide Marco Polo ne fut-il pas raillé des Vénitiens et désigné par une injurieuse épithète ? Chiabrera ne vécut-il pas méprisé des Génois parce qu’il ne faisait pas de commerce ? Dans ces républiques vouées aux spéculations mercantiles, la spéculation intellectuelle exclusive peut-elle trouver grâce ? « Tant est-il que ce que les avares désirent très-grandement, les lettrés et les studieux des bons arts le déprécient, et que ce que souhaitent les studieux, les avares n’en tiennent compte[1]. »

  1. Propres paroles d’Alberti : De commodis litterarum atque incommodiSf ad Carolum fratrem.