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Page:Alcott - Jack et Jane.djvu/195

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LE VINGT-DEUX FÉVRIER.

Marthe, et ses deux enfants portaient leur grande ceinture et leur immense collerette avec la fidélité la plus scrupuleuse.

Tous les acteurs reparurent alors sur la scène, et l’on entonna l’hymne national Amérique. Public, musiciens et comédiens, chacun se mit de la partie. Ces tableaux semblaient avoir rappelé à tous les esprits la noble et grande lutte qu’avait subie leur pays pour conquérir sa liberté, et tous chantaient comme ils ne l’avaient jamais fait jusque-là.

Il y eut un entr’acte, pendant lequel on se reposa et on discuta les mérites respectifs des acteurs. On se demandait aussi quelle serait l’actrice qui ferait la Belle au Bois dormant. Les petites filles avaient bien gardé leur secret. Un cri de surprise accueillit leur jolie scène.

Jane était là, dans toute sa splendeur de princesse. Elle dormait ; le prince Charmant venait à peine de soulever le voile qui la recouvrait, et il s’apprêtait à l’éveiller, ainsi que toute sa cour, du sommeil dans lequel elle était plongée depuis un siècle. Le roi et la reine sommeillaient sur leur trône ; les dames d’honneur se penchaient sur le lit comme des fleurs languissantes ; le petit page et le fou rêvaient la bouche ouverte, et les gardes étaient appuyés contre le mur dans l’altitude où ils étaient quand le sommeil les avait surpris.

C’était si joli, que les spectateurs ne se lassaient pas de regarder, mais la jambe malade de Jack ne lui permit pas de satisfaire leur enthousiasme, et il murmura si bien : « Je vais tomber, » qu’on baissa la toile. Mais on la releva quelques minutes après.

Changement complet. Toute la cour était réveillée ; le