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SUR LA COLLINE.

Les pantoufles des trois frères étaient toujours au chaud au coin du feu. En échange, ils ne pouvaient faire moins que de laisser sécher leurs gros souliers à la cuisine. Il arriva donc tout naturellement qu’ils s’installèrent autour de la grande table, où les livres et les journaux étaient à leur portée au lieu d’être enfermés dans une armoire. C’était plus agréable, on ne pouvait le nier. Ils commencèrent à trouver que « les idées de Merry avaient du bon » et ils lui témoignèrent leur reconnaissance par toutes sortes de petites attentions. Tom se brossa les cheveux et se lava les mains à fond avant chaque repas ; Dick parla moins fort, et Harry cessa de fumer dans la salle à manger.

Le jour dont nous parlons, Merry pensa à tous ces changements en arrosant ses fleurs, en essuyant les meubles et en mettant une grosse bûche dans le fond de la cheminée. La vue de cette jolie chambre pleine de soleil, d’air frais et de parfums de fleurs, lui donna du courage pour continuer son ouvrage. Elle prit gaiement son rouleau à pâtisserie. Mme Grant mettait le pain au four : Roxy nettoyait la cave en chantant et Merry, toute souriante, roulait vivement sa pâte, l’étendait, remplissait les plats de fruits ou de viande, et les recouvrait de pâte. Elle prenait plaisir à embellir son travail en y faisant des petits dessins avec une fourchette. Que ne fait-on pas avec de la bonne volonté ! L’exigente Mme Grant elle-même fut satisfaite des œuvres de Merry.

Il restait le plus ennuyeux, les légumes à éplucher, mais là encore Merry trouva moyen de mettre de la poésie ; elle fit cuire séparément les carottes, les pommes de terre, les navets et les haricots, et quand il s’agit de