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Page:Alcott - Jack et Jane.djvu/56

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JACK ET JANE.

Frank partit en courant, et Jack conta ses peines à sa mère qui l’écouta avec sympathie, et ne vit rien à blâmer dans son affectueuse petite lettre.

« N’est-ce pas, mère, que ce n’est pas ridicule d’aimer Jane ? Elle est si drôle et si gentille ! Elle tâche d’être très sage ; elle m’aime bien et je ne veux pas avoir honte de mes amis, même si l’on s’en moque, s’écria Jack avec animation.

— J’aime beaucoup mieux vous voir dans la compagnie d’une gentille petite fille que dans celle de garçons moins bons que vous, plus grands aussi et plus forts.

— Ce n’est pas cela que je veux vous dire. Je suis assez fort pour me défendre, interrompit le petit garçon en montrant avec fierté ses biceps développés et sa large poitrine. Regardez, mère, je renverserais bien vite Joë si j’étais debout. C’est pour cela que c’est lâche à lui de m’insulter quand il me voit au lit, incapable de me défendre. »

Mme Minot avait grande envie de rire de l’indignation de Jack, mais elle se retint pour ne pas le blesser. Heureusement la cloche du télégraphe vint à sonner, et il fallut courir à la fenêtre.

Dans son envie de briller aux yeux des écoliers, Jane envoyait un grand bonnet pointu en flanelle rouge, qui avait été fait jadis pour un déguisement, et elle y avait joint les vers suivants, car versifier plus ou moins bien, c’était là un de ses grands talents.

 
« Quand vient la nuit,
Quand vient la lune,
Cesse tout bruit,
Toute infortune.
Chacun s’endort