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Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/125

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nez, avec sa mine renfrognée et ses lunettes brillant sous son capuchon, elle semblait un hibou aux yeux de verre.

« J’en étais sûre, s’écria-t-elle d’une voix aigre-douce. Cette enfant perd son temps à baguenauder et à lire des romans. Vous la gâtez beaucoup trop, mon pauvre Alec. Sentez-vous bien tout le poids de la responsabilité qui pèse sur vous ?

— Oui, ma sœur, répondit le docteur en secouant ses épaules comme si tout à coup le poids de cette responsabilité se fut accru.

— C’est désolant de voir une grande fille comme cela perdre ses plus belles années, grommela tante Juliette. Mes enfants ont passé leur journée en classe, et je ne doute pas que Mac ne tienne encore maintenant ses livres d’étude, ajouta-t-elle d’un air de haute supériorité. Et vous, Rose, je serais curieuse de savoir ce que vous avez fait aujourd’hui. »

Au grand étonnement de ses deux interlocuteurs, Rose répondit :

« J’ai pris cinq leçons.

— Lesquelles ? demanda tante Juliette.

— Une leçon de navigation, une de géographie, une de grammaire, une d’arithmétique et une de… modestie.

— Singulières leçons, en vérité, marmotta tante Juliette. Et, s’il vous plaît, quel profit en avez-vous retiré ? »

Rose, qui gardait un sérieux imperturbable, jeta un regard malin à son oncle en répondant :

« Je ne pourrais vous répéter tout ce que j’ai appris,