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Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/261

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« Phœbé, dit-elle en entrant, je m’ennuie toute seule. Pourrais-je vous aider à quoi que ce soit ?... Mais je vous dérange peut-être !…

— Me déranger ! s’écria Phœbé ; oh ! non mademoiselle, vous ne me dérangez jamais !... »

Mais, à l’approche de Rose, elle avait ouvert précipitamment un tiroir et fait le geste d’y jeter les objets qui étaient sur la table.

« Que faisiez-vous ? lui demanda Rose.

— J’essayais d’apprendre à écrire, répondit Phœbé comme à regret, mais je n’arrive à rien de bien. Je suis sans doute trop bête ! »

Pauvre Phœbé ! sans professeur et sans aide ni conseils. ce n’était pas étonnant qu’elle eût de la peine à s’instruire ! Et quels instruments de travail ! Elle avait pour livre de lecture un almanach déchiré ; pour cahier, du papier d’emballage soigneusement repassé afin d’en effacer les plis, et, pour modèle d’écriture, un vieux livre de comptes de tante Prudence. Enfin, elle faisait des additions et des soustractions sur un morceau d’ardoise tombé du toit, avec un bout de crayon cassé, et les effaçait avec un fragment d’épongé grossière. Avec de si mauvais outils, qu’il lui avait fallu de patience et de persévérance pour arriver à savoir le peu qu’elle savait !

« Vous allez vous moquer de moi, mademoiselle, commença-t-elle humblement.

— Je pleurerais plutôt de bon cœur tant j’ai de regret d’avoir été si égoïste, s’écria Rose. Moi qui ai des tas de livres et de cahiers, j’aurais bien dû penser à vous en