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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

robe blanche, lissa soigneusement ses cheveux, et, allant dans son berceau, se mit à dessiner sous ses chèvrefeuilles, en espérant que quelqu’un la verrait et demanderait le nom de cette jeune artiste. Comme personne ne vint, excepté un gros chien, qui toutefois sembla examiner son ouvrage avec intérêt, elle alla se promener ; mais, une averse étant survenue, elle revint, ainsi que sa robe, toute trempée.

Elles comparèrent leurs journées en prenant le thé, et furent toutes d’avis que le jour avait été délicieux, quoique extraordinairement long. Meg, qui avait couru les magasins toute l’après-midi et avait acheté « une charmante robe de mousseline bleue », avait découvert, en regardant ses doigts après l’avoir coupée, qu’elle était mauvais teint, ce qui avait légèrement altéré son humeur. Jo avait, avant la pluie, attrapé un coup de soleil sur son pommier et s’était donné un grand mal de tête en lisant trop longtemps. Beth était fatiguée et ennuyée par le désordre de son cabinet et par l’impossibilité où elle s’était sentie d’apprendre trois ou quatre chants à la fois ; quant à Amy, elle regrettait profondément d’avoir abîmé sa robe, car elle était invitée à aller passer la journée du lendemain chez des amies, et elle n’avait « rien à mettre ». Mais ce n’étaient là que des détails, et elles déclarèrent à leur mère que l’expérience réussissait parfaitement. Mme Marsch sourit, ne dit rien, et, avec l’aide de Hannah, fit l’ouvrage négligé par ces demoiselles.

La méthode de se reposer et de s’amuser produisit peu à peu un état de choses très particulier et peu agréable. Les jours devenaient de plus en plus longs, le temps plus variable, et les caractères sortaient à chaque instant de leur assiette. Les quatre sœurs se sentaient, chacune à sa façon, mal à l’aise, et le malin