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UNE DÉPÊCHE ET SES SUITES.

qu’il fallait que je fisse à mon tour quelque chose pour le bien commun. Une fois cette idée admise, je me serais coupé le nez, s’il l’avait fallu, pour le vendre, plutôt que de ne rien vendre du tout.

— Vous n’avez pas de reproches à vous faire pour vos vêtements, mon enfant. Vous n’aviez pas de vêtements d’hiver, et vous avez acheté les plus simples avec l’argent que vous aviez gagné, en travaillant d’une manière peu agréable, dit Mme Marsch avec un regard qui réchauffa le cœur de Jo.

— Je n’avais pas eu d’abord la moindre idée de vendre mes cheveux ; mais, en marchant, je me demandais ce que je pourrais faire. Dans une devanture de coiffeur je vis des queues de cheveux avec les prix marqués ; j’en remarquai une noire, plus longue que la mienne, mais pas si épaisse, elle était marquée quarante dollars. Tout à coup la pensée me vint que je possédais quelque chose dont je pouvais avoir de l’argent, et, sans m’arrêter à réfléchir, j’entrai dans la boutique, et je demandai au coiffeur s’il achetait des cheveux et combien il me donnerait des miens.

— Je ne comprends pas comment vous avez osé le demander ! s’écria Beth avec terreur.

— Le coiffeur était un gros homme chauve qui n’avait pas l’air imposant. Il n’avait à s’occuper de cheveux que pour le compte des autres. Il parut d’abord étonné, comme s’il n’était pas habitué à voir des jeunes filles se précipiter dans sa boutique et lui demander d’acheter leurs cheveux, puis il dit que les miens ne lui conviendraient guère, qu’ils n’étaient pas d’une couleur à la mode, qu’il ne payait jamais bien cher ces couleurs-là et que, d’ailleurs, ce qui donnait de la valeur à ceux qu’il vendait, c’était la prépara-