Aller au contenu

Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/263

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
249
BETH.

soigner son rhume à l’aide de lectures interminables.

Amy, trouvant que les occupations du ménage et l’art ne s’accordaient guère, retourna à ses crayons et à sa terre glaise.

Meg allait tous les jours chez les Kings et cousait, ou croyait qu’elle cousait lorsqu’elle en revenait, mais elle passait beaucoup de temps à écrire à sa mère ou à relire les dépêches de Washington.

Beth seule continua fidèlement à travailler ; tout au plus aurait-on pu lui reprocher quelques rares petites négligences ou bien quelques accès de tristesse.

Elle remplissait soigneusement tous ses petits devoirs et aussi beaucoup de ceux de ses sœurs, car celles-ci oubliaient facilement, et la maison semblait parfois être une horloge dont les aiguilles sont allées se promener.

Lorsque son cœur était trop plein du désir de revoir sa mère ou de craintes pour son père, elle allait dans le cabinet de toilette de Mme Marsch, cachant sa figure dans les plis d’une certaine vieille robe, et pleurait et priait un peu toute seule.

Personne ne savait ce qui la remettait après un accès de mélancolie ; mais chacun sentait combien elle était douce et utile, et tout le monde prit l’habitude d’aller vers elle pour chercher des consolations ou des avis.

Aucune ne s’était assez dit que l’absence de leur mère devait être une épreuve décisive, qui aurait dû former définitivement leurs caractères, et, lorsque l’excitation du premier moment fut passée, elles se firent l’illusion que, s’étant bien conduites jusque-là, elles méritaient des louanges. Elles avaient raison pour le passé ; mais leur erreur était de croire qu’elles pouvaient dès lors se relâcher et cesser de bien faire ; elles s’attirèrent par là une dure leçon.