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Page:Alexandri - Ballades et Chants populaires de la Roumanie, 1855.djvu/115

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la trace est par ici, la trace est par là ; Dolka ne la perd pas un seul instant et arrive ainsi, suivie de son maître, à la bergerie de Pandina.

Arrivé là, que voit Costé ? Il voit Fulga préparant son dîner et écorchant des agneaux ; les uns rôtissent à la broche, d’autres cuisent dans des marmites.

À sa vue, Dolka aboie avec furie et se précipite sur le voleur ; Fulga tressaille d’effroi, et, rencontrant les yeux de Costé, il devient noir comme un tronc d’arbre calciné par les flammes. Costé va droit au brigand et lui parle ainsi :

« Ohé ! Fulga, à la barbe noire et au cerveau léger ; quand je t’ai rencontré sur ma route, je t’ai fait don de trois agneaux pour les rôtir à la broche et d’un mouton gras pour le faire cuire dans la marmite, et toi, en guise de remerciement, toi, semblable à une bête fauve affamée, tu as non-seulement enlevé mes troupeaux, mais tu as encore blessé ma chienne Dolka ! Attends, brigand à la barbe noire ! je veux te rendre le cerveau moins léger… »

Et disant ces mots, il pourfend le bandit avec son paloche, lui arrache le cœur et le jette à Dolka ; mais Dolka refuse la pâture qui lui est offerte… Le cœur d’un traître est un poison venimeux !