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Page:Alexandri - Ballades et Chants populaires de la Roumanie, 1855.djvu/159

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Et le frappe si rudement du paloche
Que du même coup il pourfend son corps,
Ainsi que trois côtes de son cheval noir.
Le corps séparé en deux tombe à terre,
Tandis que Toma parle ainsi à son cheval :

— « Holà hé ! mon petit mourgo,
« Holà, mon brave chéri,
« Mes yeux se couvrent de toiles d’araignée,
« Les nuages tournent au-dessus de ma tête ;
« Hâte-toi de courir et de me porter
« Avec la rapidité de la pensée
« À l’horizon de ces collines,
« Au val des cinq ormeaux,
« Car je vais bientôt mourir ;
« Et désormais tant que tu vivras
« Je ne te monterai plus, mon brave.
« Mais après que j’aurai rendu l’âme,
« Quand j’aurai cessé de te caresser,
« Sers-toi de ton sabot comme d’une bèche
« Pour me creuser une fosse sous les arbres ;
« Puis saisis mon corps avec tes dents
« Pour le descendre dans la tombe.
« Les ormeaux s’inclineront sur moi,
« Ils secoueront sur moi leur panache
« Et leurs feuilles couvriront mon corps.