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Page:Alexandri - Ballades et Chants populaires de la Roumanie, 1855.djvu/179

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futur gendre franchisse les ballots de draps qui sont dans la cour et que tout soit à lui. »


Bogdan lança de nouveau son cheval et d’un bond il arriva jusqu’au pied du grand escalier en franchissant les ballots.


« Salut à toi, beau-père ! » dit-il, et prenant les pièces de drap, il les distribua à ses compagnons, à chacun selon son mérite et selon sa taille. Au guerrier de taille moyenne, il fit cadeau de drap écarlate pour le faire mieux ressortir ; au guerrier élancé, du drap jaune pour le faire briller de loin.

Alors le riche renégat tenta une dernière épreuve ; il entra avec Bogdan dans l’intérieur du château et le mit en présence de trois filles, belles comme des impératrices ; toutes les trois ayant mêmes traits et même taille, toutes les trois également blanches et ravissantes, ainsi que trois lys d’argent.

Les yeux du jeune prince lancèrent des flammes à la vue de ces trois merveilles ; mais le Litéan lui dit :


« Que celui qui prétend à la main de ma fille, que mon futur gendre reconnaisse sa fiancée et l’épouse ! »


Que fit alors Bogdan ? il ôta l’anneau de son doigt, le jeta sur le tapis et s’écria d’une voix menaçante :


« Que celle qui est ma fiancée, que ma future bien-aimée aille chercher l’anneau et le place à son doigt. Car j’ai un sabre à deux tranchants qui demande une tête de jeune fille. »