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Page:Alexandri - Ballades et Chants populaires de la Roumanie, 1855.djvu/23

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lachie et en Moldavie où ils propagèrent et développèrent son système. Le plus illustre de ces disciples fut Héliade.

Héliade (Jean Radulesco) fut le Coray de la Roumanie.

Au quatorzième siècle, lorsque les papes tentèrent d’amener les Roumains à souscrire à l’édit d’union, ceux-ci répudièrent, en haine de l’orthodoxie latine, les caractères romains dont ils s’étaient servis jusqu’alors, et adoptèrent les lettres cyrilliennes, quoique incompatibles avec le génie de leur langue. Le slavon devint à la même époque la langue du gouvernement et celle de l’Église, et cette innovation, bien qu’elle ait peu duré, servit par la suite de point de départ à cette étrange allégation, mise en avant à plusieurs reprises par le cabinet de Saint-Pétersbourg, « que les Moldo-Valaques sont des Slaves. »

Au moment de l’expulsion des Phanariotes, la langue roumaine comptait environ un tiers de mots étrangers empruntés, par portions inégales, à l’ancien dace, au slavon, au turc, au grec et aux idiomes voisins. Héliade entreprit une révision sévère de ces mots, avec l’idée bien arrêtée de ramener la langue à l’étymologie et à la syntaxe latines. La nouveauté et la hardiesse de cette tentative, qui manqua le but en l’outrepassant, suscitèrent une ardente polémique, à laquelle s’associèrent tous les partisans avoués ou secrets de la