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Page:Alexandri - Ballades et Chants populaires de la Roumanie, 1855.djvu/41

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avec de poétiques aventuriers, les personnages favoris de la muse populaire qui leur prête toutes les qualités des héros, et les caresse avec amour du nom de Fœt-Frumosi (les Beaux-Enfants). Naturellement la lutte finit toujours au désavantage des premiers qui, vaincus et coupés en mille morceaux par leurs adversaires, sont doués d’une telle force vitale que « leurs tronçons remuent sans cesse et cherchent à se rejoindre tant que le soleil n’a pas disparu[1]. »

Les Zméi sont une autre espèce de monstres, d’une force et d’une grandeur surnaturelles, et munis d’ailes immenses. Ils habitent au centre de la terre, ou bien au sein des forêts vierges et impénétrables, où ils cachent leurs trésors, ainsi que les filles de sang royal, qu’ils ont enlevées[2].

Mais à côté de ces dragons, de ces monstres ailés qui donnent lieu à d’effrayants récits, il y a le serpent familier, serpi de casa[3], l’hôte du foyer, que le paysan roumain, par l’effet d’une tradition dont il ne se rend pas compte, entoure d’un respect

  1. Voyez ballade IIIe, page 15.
  2. Voyez ballade Ve, page 24.
  3. Suivant une autre croyance répandue dans toutes les Provinces Danubiennes, et qui remonterait jusqu’au temps d’Hésiode, les pierres précieuses seraient formées de la bave des serpents, en sorte que les nids de ces reptiles contiendraient des richesses incalculables.