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Page:Alexandri - Ballades et Chants populaires de la Roumanie, 1855.djvu/51

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cée du monde[1] ; dis-leur encore qu’au moment de notre union une étoile a filé ; que le soleil avec la lune ont tenu la couronne sur ma tête 4 ; que j’ai eu pour témoins les pins et les platanes des forêts, pour prêtres les hautes montagnes, pour orchestre les oiseaux, des milliers d’oiseaux, et pour flambeaux les étoiles du firmament. 5

« Mais si tu apercevais jamais, si tu rencontrais une pauvre vieille mère à la ceinture de laine, versant des larmes et courant à travers champs et demandant et disant à tous :

« Qui de vous a connu, qui a vu un jeune et beau berger dont la taille svelte passerait par une bague ? il a le visage blanc comme l’écume du lait ; sa moustache est pareille à l’épi des blés ; ses cheveux sont comme la plume du corbeau et ses yeux comme la mûre des champs… » 6

« Alors, ma petite brebis, prends pitié de sa douleur et dis-lui simplement que j’ai épousé la fille d’un roi dans une contrée belle comme l’entrée du paradis.

« Mais garde-toi bien de dire qu’à ma noce une étoile a filé ; que j’ai eu pour témoins les pins et les platanes des forêts, pour prêtres les hautes montagnes, pour orchestre des milliers d’oiseaux, et pour flambeaux les étoiles du firmament… 7

  1. C’est-à-dire la Mort. Voyez l’Introduction.