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Page:Alexandri - Ballades et Chants populaires de la Roumanie, 1855.djvu/70

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brodées d’or, quand tu verras se fondre cet or, sache que je n’existerai plus !… »

Le prince monta sur son cheval et partit pour une longue course ; il s’en fut jusqu’au milieu d’une vieille forêt et alluma un grand feu près de la fontaine du Corbeau.

Il plaça alors la main sur son cœur et en tira le voile de soie : à sa vue son cœur se brisa de douleur.

« Mes amis, dit-il, mes chers compagnons d’armes, valeureux enfants des Zmeï 17, arrêtez-vous ici pour prendre votre repas et pour vous reposer à l’ombre de cette forêt. Moi je retourne au village afin d’y chercher mon paloche que j’ai oublié sur la table verte de ma maison. »

Il dit, rebroussa chemin et fit rencontre sur sa route d’un brave monté sur un petit cheval.

« Heur, à toi ! jeune brave. Quelle nouvelle du pays d’où tu viens ?

— Si tu désires la connaître, mon seigneur, sache que cette nouvelle serait peut-être bonne pour tout autre, mais que pour toi elle est fatale. Ton père a dévasté le pays et a noyé ta compagne dans un étang large et profond ! »

À ces mots, le jeune prince versa des larmes amères et dit : « Jeune brave, prends mon cheval pour l’amener à mon père. Si le roi te demande le lieu où je me trouve, réponds-lui que j’ai remonté le rivage de l’étang et que je me suis précipité dans ses eaux pour aller rejoindre ma jeune épouse, ma bien-aimée. »

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Son père réunit tous les hommes du pays pour faire creuser et dessécher l’étang et quand les eaux furent