Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/113

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J’étais allé le voir dans la petite maison qu’il avait louée. Un après-midi, assis tous les deux sur le sable de la plage, nous causions en regardant les vagues. Il faisait un temps clair, et notre conversation à bâtons rompus allait et venait, des splendeurs du spectacle que nous avions devant nous, aux beautés, et aux difficultés aussi, du prochain livre qu’il voulait entreprendre. Ce livre, une grande étude sur le peuple des faubourgs parisiens, était une vieille idée longtemps caressée, qu’il comptait enfin mettre à exécution. Le peuple, il le connaissait bien ! Tout enfant, pendant un voyage à Paris, n’avait-il pas passé quelques semaines chez un parent qui était ouvrier, dans une de ces vastes maisons entièrement peuplées de ménages pauvres, comme il voulait en décrire une ? Plus tard, pendant ses années de misère, n’avait-il pas longtemps vécu aussi au milieu des ouvriers, et rue de la Pépinière, à Montrouge, et rue Saint-Jacques, et boulevard du Montparnasse ? Il se souvenait d’avoir assisté à des choses étonnantes de couleur et d’allures : à une mort notamment, et à des fêtes, et à de grands repas joyeux, et à des bombances ! Eh bien ! il tirerait parti de tous ces souvenirs ; son livre serait une monographie complète de la vie du peuple. Il y aurait une noce et un enterrement typiques ; tous les âges, toutes les variétés du travailleur, le laborieux et l’ivrogne, l’honnête garçon et le souteneur de filles. Pour en montrer quelques-uns au travail, les outils