Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/12

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avoir quitté le cours Bulzunce, la diligence débouchait au sommet de la montée du Pont-de-l’Arc, parcourait au trot l’avenue de la Rotonde, et faisait son entrée sur le Cours. — « Aix a une belle entrée, » disent généralement ceux qui y viennent pour la première fois. En 1836, « le Cours, » qui s’appelle maintenant « Cours Mirabeau, » et qui n’est plus ombragé que par des platanes, arbre manant et villageois, au feuillage lourdaud, à l’ombre opaque et triste, était alors d’un aspect plus noble, avec ses deux allées d’ormeaux séculaires, au feuillage grêle, en harmonie avec les vieux hôtels, sur lesquels se dentelait une ombre légère. Mais, en ce temps-là, des trois fontaines du Cours, seule, la « Fontaine-Chaude » répandait son eau fumante. Les deux autres, celle du Roi-René et celle des Neuf-Canons, n’étaient là que pour la forme. Des gamins enjambaient la vasque et y jouaient à pied sec. L’ingénieur ayant remarqué que toutes les autres fontaines d’Aix, l’été venu, ne coulaient pas davantage, avait conçu, dans un de ses voyages, le projet de donner de l’eau à cette ville altérée.

Toute cette partie de la Provence est très sèche. Où prendre l’eau ? D’où la faire arriver, avec les ressources restreintes d’une ville de vingt-cinq mille âmes, qui ne peut avoir comme Marseille la prétention de détourner, pour son eau de table, une rivière lointaine ? Ces difficultés ne découragent pas François Zola. Et l’idée lui vient de construire pour Aix