Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/201

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année, grand, un peu gros de ceinture ; il a cette finesse d’extrémités que l’on considère comme un signe de race : les pieds et les mains sont petits. Brun, le teint mat, myope mais pas au point de recourir au binocle pour lire ou pour écrire, il porte les cheveux coupés courts. Ces cheveux, restés châtain foncé, se sont seulement raréfiés au sommet du crâne, de manière à laisser voir une petite tonsure, large comme une pièce de cent sous. Au-dessous d’un front haut et perpendiculaire, un front qui, selon l’expression d’un de nos amis, M. Paul Bourget, « ressemble à une tour, » les yeux ont un regard doux et réfléchi ; ce qu’il y a de plus caractéristique, dans ce visage, c’est le nez, un nez fouilleur et avisé, fendu en deux au bout, comme était, dit-on, le nez de Balzac. Les joues pleines, le bas du visage un peu court, à la fois carré et arrondi, avec la barbe taillée ras. L’ensemble rappelle assez la physionomie d’un de ces soldats romains qui conquirent le monde ; le tout, solidement emmanché sur un cou puissant. En somme, nous nous trouvons en présence d’un mâle solide et râblé, d’un gaillard ayant un fond de beau sang latin coupé par le croisement, troublé par des sensibilités nerveuses. Voilà pour le physique.

Né d’un Italien et d’une Française, — grandi dans le midi de la France, au plein air, librement, gâté par sa mère qui lui laissait la bride sur le cou, — puis, venu à Paris vers sa dix-huitième