Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/23

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en étaient réduites à vaquer elles-mêmes aux soins de la vie courante, le petit Émile, toujours au milieu d’elles, fourre son nez partout et veut tout voir.

Tant pis si leurs mains sont à chaque instant ralenties par la présence du gamin curieux, qui les accable de questions, qui, déjà, leur impose à chaque instant ses volontés ! Il ne faut pas le contrarier, ce cher enfant, frappé si jeune d’un grand malheur ! Tel est tout leur système d’éducation. Avec cela, devant leur demeure de l’impasse Sylvacanne, il y a un vaste jardin. Pleine liberté pour le petit de courir dans les allées, de se rouler sur le gazon, dans la terre, de salir ses mains et ses vêtements. Tout, pourvu que ça ne lui fasse pas de mal !

Un enfant, poussé ainsi, sans plus de direction qu’un églantier, ne pouvait être bien précoce. À sept ans et demi, Émile ne savait encore ni A ni B. Un beau matin pourtant, les deux femmes se ravisent et tiennent conseil. Le grand-père lui-même prend part à la délibération. On ne peut laisser plus longtemps sans instruction le fils d’un ingénieur. N’est-ce pas lui, l’avenir ? L’avoué et l’avocat, qui promettent monts et merveilles, se trompent peut-être ; les procès engagés peuvent mal tourner ; qui sait s’il n’y a pas dans cette petite tête aux yeux doux, déjà réfléchis, au nez futé, de quoi conjurer un jour la dureté du sort et l’injustice des hommes ? Et l’on parle de le mettre au collège. « Au collège, intervient alors maman Aubert, il ira plus tard, quand il aura fait