Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/252

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Et qu’il courait les champs pour surprendre Rosa.
Ne surprenez jamais, dit-on, votre maîtresse.
Certes, il eût fort peu goûté ce conseil-là :
Il entendait par femme éternelle tendresse.
Rodolpho n’était pas un tendre pleurnicheur.
Il galopait gaiement et sans envie aucune
D’adresser par amour des sonnets à la lune.
Il savait adorer sans avoir mal au cœur.
Il n’avait que sa Rose, il l’aimait avec rage.
Malgré cela, pourtant, il n’était pas jaloux :
Il était si crédule et Rose était si sage…
Si vous riez de lui, pourquoi donc riez-vous ?

Oh ! courage, mon siècle, avance, avance encore !
Quel jour nous promet donc cette sanglante aurore ?
Que t’a donc fait, Seigneur, ta pauvre humanité,
Pour laisser insulter à ta divinité,
Pour laisser sur son cou flotter ainsi la guide,
Sans modérer les bonds de sa course rapide ?
On ne croit plus à rien ; le malheureux qui croit,
Comme un être bouffon est désigné du doigt.
En effet, ce serait chose bien ridicule
Qu’un amour éternel vous torture et vous brûle ;
Cela ferait vraiment sourire que de voir
La femme du matin aimée encor le soir.
Ah ! nous ne sommes pas comme messieurs nos pères :
Quand nous avons bien bu, nous écrasons nos verres ;
Nous buvons sans façon dans celui du prochain,