Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/290

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Tu l’aimerais, Don Juan, mon amante inconnue,
Toujours, et sans vouloir que son corps fût souillé,
Sans chercher à mêler, sur sa poitrine nue,
Dans un baiser son âme à ton âme éperdue :
Tu l’aimerais, Don Juan, près d’elle agenouillé !


IV


C’est auprès d’un rempart, noirci, rongé de lierres,
Dont le vent chaque jour ébranle quelques pierres,
Dans un recoin perdu de l’antique cité,
Où les lézards craintifs glissent en liberté.
De vieux hôtels verdis, des dalles ébréchées,
Des colonnes gisant, dans les herbes couchées ;
Un silence que rompt de loin en loin les pas
D’un passant égaré.

D’un passant égaré.Cette sombre masure
Dont les vieux murs ont peine à porter la toiture,
Depuis quelque cent ans qui se dresse là-bas,
Sur le bord d’un ruisseau, dans la ronce et l’ortie,
Est la noire demeure où sommeille Marie.

Les cieux sont étoilés et, des prochains sillons,
Vient avec ce parfum de sauge et d’églantine