Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/66

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le jeudi : réceptions sur lesquelles je reviendrai, et dont le personnel s’est augmenté à la longue, mais dont le caractère d’intimité est resté le même. Marius Roux, le plus ancien ami, celui du pensionnat Isoard, y fut assidu. Baille et Paul Cézanne amenèrent quelques rares camarades, entre autres Antony Valabrègue, un poète débarqué d’Aix également, le même qui m’introduisit dans la maison, quelques années plus tard. Puis, beaucoup plus tard encore, j’introduisis moi-même une partie des derniers venus. De sorte que, à eux tous, les habitués de la maison forment comme une chaîne d’amitié non interrompue. A ces premières réceptions du jeudi, il n’y avait certes pas le même luxe de petits fauve ni de liqueurs exotiques qu’aujourd’hui ; mais, on y trouvait la même tasse de thé et la même poignée de main affectueuse, le même accueil bonhomme, de celui que la légende représente comme un malade d’orgueil passant sa vie à adorer son nombril et à se le faire adorer par une bande de galopins.

Cependant, Émile Zola prenait peu à peu, dans la maison Hachette, une situation supérieure à celle d’un employé ordinaire. Un samedi soir, avant de quitter la librairie, il s’était introduit dans le cabinet de M. Hachette, et avait déposé sur le bureau un manuscrit de « l’Amoureuse comédie. » Jugez dans quelles transes il dut passer son dimanche ! Comment M. Hachette allait-il prendre la confidence ?