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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/105

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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

de la Môle, qui n’était pas pour « les pénitences inutilement mortifiantes », préférait recommander une aumône, quelque don agréable à Dieu. Comme un médecin modifiant son ordonnance à chaque visite suivant les phases de la maladie, après chaque confession, il avait à conseiller une bonne œuvre nouvelle.

— Il n’est pas nécessaire de donner beaucoup, répétait-il chaque fois à Zoé, mais il faut donner avec discernement, et il faut donner toujours. Une bonne œuvre est une prière effective et utile, une prière qui a pris un corps comme Notre-Seigneur Jésus-Christ, et qui rachète nos fautes sans cesser d’être une prière, de même que notre divin Maître racheta nos âmes sans cesser d’être un Dieu…

Elle écoutait religieusement ces subtilités, sans chercher à les approfondir, déjà disposée à croire les yeux fermés à tout ce qui sortirait de cette bouche aux lèvres pures et minces. Elle se sentait, d’ailleurs, toute changée. Les choses qu’elle avait trouvées les plus exorbitantes, lui devenaient faciles, naturelles. Elle qui, jadis, avait peine à se lever à deux heures, et qu’on ne voyait que de loin, seulement aux grandes fêtes, faire acte de présence à la messe de midi, longtemps après le premier évangile, tous les matins maintenant, dès sept heures, elle courait à Saint-Jean entendre la messe de l’abbé de la Môle. Son zèle charitable s’était borné jadis à accepter une vice-présidence du conseil des dames patronnesses de