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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/122

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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

L’hiver s’acheva ainsi. Et, une fois de plus, l’été succéda au printemps. Ce que les Menu, tapis dans l’ombre, guettaient avec tant de persévérance, « une occasion », ne se présentait jamais. L’époque des vacances approchait. Les compositions triples de fin d’année, au collège, avaient déjà commencé. Et, comme toutes les classes faisaient ces compositions de sept heures à midi, deux fois par semaine, le mardi et le vendredi, le pasteur protestant, dès six heures du matin, entrait ces jours-là en pantoufles dans la chambre d’Eudoxe. Souvent, le paresseux se rendormait. Au bout d’un quart d’heure, son père entrait de nouveau, et, cette fois, enlevait les draps, lui jetait de l’eau au visage.

Un mardi de juillet, M. Menu arriva auprès d’Eudoxe beaucoup plus matin encore. Cinq heures n’étaient pas sonnées. Déjà habillé comme pour se rendre au temple, le pasteur protestant s’assit solennellement au chevet de son fils. Plus pâle que d’habitude, il n’avait certainement pas dormi de la nuit. Derrière lui entra madame Menu, déjà correctement coiffée, également blême, le front bombé, l’œil glacé de froide obstination. Eudoxe mal éveillé se frottait le nez, ne sachant trop de quoi il s’agissait.

— Ta mère et moi, lui dit le pasteur protestant, nous venons te demander une grâce… Il faut que tu aies quelque chose à la distribution des prix.

Eudoxe resta très étonné. En troisième, au collège de Noirfond, il passait pour un cancre. Son insolence,