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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/139

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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

d’être venue, se sentant bien, ne songeant même plus qu’elle avait, dans la poche, une bougie et des allumettes.

Elle resta longtemps assise. Une odeur de peinture et de maçonnerie neuve lui semblait délicieuse. Maintenant elle pourrait venir quand elle voudrait ! À toute heure, de jour ou de nuit, elle se retrouverait au milieu de cette atmosphère, qui lui noyait le cœur dans une chaleur douce. La nuit surtout était bonne. Ces ténèbres, ne les sentait-elle pas couler sur ses épaules comme un manteau de velours léger ? Il lui arriverait d’attendre que l’aube bleuît les vitraux de la grande rosace au-dessus de l’autel. Et elle se leva réconfortée, toute légère.

Elle venait d’allumer la bougie. Étouffant ses pas, elle passait comme une ombre au milieu d’autres caisses non déballées encore, déposées là sur de la paille, au milieu des plâtras. Elle fit le tour de l’autel. Elle éleva la bougie pour regarder l’effet de la chaire récemment mise en place. Puis, elle monta à la tribune.

Elle voulait tout voir, mettant de l’importance à chaque détail, pleine de minutieuse sollicitude, comme une mère meublant le premier appartement de garçon de son fils. L’orgue-harmonium, enveloppé d’une housse, était trop à gauche ; lui ayant trouvé sa vraie place, elle le cala avec deux petits morceaux de bois. Il faudrait un tabouret vissé, et un casier pour recevoir la musique. Ici, un tableau ferait bien.