Aller au contenu

Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

savait plus où elle en était de la vie, ni ce qu’elle avait désiré autrefois, ni ce qu’elle attendait encore. Et, dans ce grand bien-être de ne plus savoir, elle s’efforçait de prier. Elle se morfondait à supplier un être inconnu, mais tout-puissant, de faire qu’il arrivât une chose qu’elle ignorait.

La porte de la sacristie s’était ouverte. Quelqu’un toussait et marchait. Elle décolla un moment ses doigts, vit qu’un élève allumait les cierges ; et, machinalement, à mesure que naissaient les flammes jaunes, droites, pointues, elle les comptait. Soudain elle referma les yeux, s’en voulant de sa distraction comme d’un sacrilège. Et elle s’abîma dans une ferveur plus profonde.

Elle ne s’occupait plus de ce qui se passait en bas. Cependant, le tambour de la chapelle à chaque instant s’ouvrait et retombait. Les parents remettaient en entrant leur carte d’invitation à un élève posté là, cherchaient une bonne place. C’était un remue-ménage de chaises, un murmure grandissant de conversations qui montaient. Dix heures sonnèrent. Un piétinement bruyant et saccadé sortit de la sacristie, fit le tour de l’autel, vint finir le long des quatre bancs réservés aux élèves de la Sainte-Adolescence. Tout à coup, elle eut chaud au cœur : elle ne l’avait pas entendu monter à la tribune, ses yeux ne s’étaient pas rouverts, elle savait pourtant qu’il était là.

C’était bien lui. L’abbé de la Mole ouvrit l’orgue, mit de la musique sur le pupitre, fit tourner le tabou-