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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/144

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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

à la sacristie, madame Fraque tenait écarté un rideau. À travers les rayures verticales du vitrage, elle ne vit qu’un maître d’hôtel, en habit, et des hommes de peine qui se hâtaient de démonter les deux grandes tables du déjeuner de gala, offert par l’abbé de la Mole à Sa Grandeur, aux quelques prêtres qui avaient accompagné l’évêque, et aux vingt-quatre jeunes gens de l’œuvre.

— Il est dans la cour avec Monseigneur ! se dit-elle avec attendrissement. Il lui montre le vieil ormeau, le jet d’eau qui marche d’aujourd’hui, ses rosiers grimpants…

Et, comme de grands éclats de rire d’enfants arrivaient jusque dans le couloir :

— Il leur fait essayer, devant Monseigneur, le vélocipède du Bazar de Marseille.

Les hommes de peine transformaient à la hâte la salle d’études, naguère salle à manger, en salle de théâtre : un plancher exhaussé pour la scène, un rideau courant sur une tringle pour la toile, les bancs et les chaises de la chapelle pour faire asseoir le public qui commençait à arriver. Tous, parents, ecclésiastiques, simples invités munis d’une carte, et Monseigneur lui-même, avaient déjà pris place, que les coups de marteau des ouvriers retentissaient encore. On était en retard. De temps en temps, l’abbé de la Mole apparaissait, affairé, mais souriant et gracieux, murmurait quelque chose pour faire prendre patience à Monseigneur, et disparaissait derrière la toile. Les jeunes