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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/178

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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

Brun. Les trois ou quatre le plus en fonds, se cotisèrent, firent apporter de nouveaux bocks, payèrent l’absinthe du père Lefèvre. Le cafetier tout à fait radouci, trinqua avec ses clients. On était maintenant en famille. La conversation devenait intime, expansive, confidentielle : on eût dit qu’il n’était que neuf heures du soir. Ces jeunes gens devenus tous des amis d’enfance, avaient une longue soirée devant eux pour se raconter leurs petites affaires, analyser leurs impressions, combiner des projets ! C’est alors que, par une sorte de génération spontanée, vint au monde, l’idée d’un bal à organiser pour la Mi-carême… Beaucoup de témoins oculaires, aujourd’hui conseillers, notaires, avoués, propriétaires, juges de paix, sous-préfets, subsistent encore. Aucun ne pourrait dire qui eut le premier l’idée mémorable : le grand Jéror, d’Alger, ou Courcier, de Paris ?… Conil, d’Avignon, peut-être !… Peut-être se dégagea-t-elle, l’idée, toute séduisante, d’un flocon de fumée de la pipe de Mengar, le créole !… Ce qu’il y a de certain, c’est que l’idée sourit tout de suite à tous, et fut adoptée avec enthousiasme… Pourquoi pas ? le carnaval s’était vraiment passé trop triste… Les Coqs ne pouvaient devenir comme cela « momies » avant l’âge ; il fallait au moins lutter !… Oui, le jeudi de la Mi-carême, dans onze jours : largement le temps d’organiser tout, d’obtenir l’autorisation du maire, de réunir des souscriptions pour les frais généraux… La salle ? eh ! mon Dieu ! comme le bal ne commen-