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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/209

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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

Mes pieds ! — Le gros imbécile ! » Puis, on retrouva M. Lefèvre, très-sérieux et très digne, assis à la place de l’énorme Boulotte qu’il avait prise sur les genoux. Alors, tous d’applaudir :

— Vive le père Lefèvre !

Et des trépignements de joie ! Et des rires ! Et des lazzis par-ci par-là, des remarques comme celle-ci :

— On dirait que ce sont ses filles…

Puis, tout à coup, un cri, un cri unique fait de trois cents cris, prolongé, vibrant, impératif :

— Aux Quatre-Billards !

Le conducteur fit claquer son fouet plusieurs fois. Le cheval piétina d’abord sur place. De ses sabots jaillissaient des étincelles. Mais le petit omnibus plein comme un œuf, restait les roues enfoncées dans la boue jusqu’au moyeu. Alors, en avant du timon, Courcier, de Paris, et sa cravache, apparurent. Plus que jamais en bottes molles, se tenant très droit pour ne pas perdre un pouce de sa petite taille, officiellement ganté de blanc, il se mit à tirer le cheval par la bride. Et quand on aperçut aussi le grand Jéror, d’Alger, juché sur le siège, le flot du fameux béret d’Henriette Maréchal pendant à côté de la casquette cirée du conducteur, çà et là, quelques voix isolées :

— Vive les trésoriers-organisateurs !

Dans l’encaissement de l’avenue du Chemin de fer mal éclairée par de rares réverbères, l’omnibus commençait à monter, lent et lourd, enchâssé dans une