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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/21

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LA FIN DE LUCIE PELLEGRIN

s’animant. Moi qui vous parle, je lui ai vu sur le corps pour trente mille francs de diamants… Elle a eu chevaux et voiture, à elle… et deux maisons à Batignolles.

L’autre Adèle, débarquée de Nancy depuis quelques semaines, ouvrait de grands yeux. La grande Adèle ajouta :

— Tout le monde sait et vous dira que Lucie Pellegrin a été riche… mais là, une vraie fortune… dans les deux cent mille francs placés chez le notaire.

La grande bouche de l’autre Adèle fit une moue qui voulait être dédaigneuse. Puis, baissant un peu le front, un front d’un blanc jaunâtre, déjà ridé, elle dit entre les dents d’un air distrait :

— Je n’aurais pas cru à la voir, quand on me l’a montrée cet hiver, à l’Élysée…

— Cet hiver, répondit Marie la frisée, mais elle était déjà perdue, cet hiver. Et savez-vous ce qui a perdu la Pellegrin ? Ce sont les…

Elle lâcha un mot ordurier et technique.

— Et aussi les femmes, compléta la grande Adèle, en donnant au mot « femmes » une intention particulière.

M. Roger, qui ne disait rien, mais qui était tout oreilles, sortit alors de la bouche le cigare qu’il fumait. Toute sa grosse lèvre inférieure, épaisse et tombante, frémissait d’un rire gras.

— Vieux voluptueux de mon oncle ! lui jeta Marie la frisée ; nous t’en faisons boire du lait, dis ?… Et toi,