Aller au contenu

Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

tassés sur le trottoir, écoutant aux volets fermés du Divan.

— Entendez-vous quelque chose ?

— Moi, pas plus que vous !

— Ils font un vacarme à rendre sourd !… C’est du propre.

— On dirait qu’ils se battent, qu’ils se les disputent, qu’ils les violent…

— A-t-on jamais vu ! ça va être le pendant de la nuit des bombes.

— Indécent ! Indécent ! Indécent !

— Moi, je sais qu’à la place de l’autorité municipale…

— Que voulez-vous ? c’est la Mi-Carême…

— Allons donc ! nous n’allons pas pouvoir dormir de la nuit !

— Ils ne seront pas toujours jeunes !

— Si votre femme vous entendait !… Puisque vous les approuvez, monsieur, que n’allez-vous vous fourrer au milieu de leur orgie.

— Monsieur, veuillez ménager vos expressions !

— Eh ! silence, vous deux ! allez vous chamailler ailleurs… Vous empêchez le monde d’écouter…

Et, sur le Mail, bien que sept heures eussent sonné depuis longtemps, une foule de gens oubliaient d’aller dîner. Malgré un petit froid sec, il y en avait d’assis sur les bancs de l’allée du Nord, jusque sur la margelle de la fontaine du Bon-Grand-Homme. D’autres se tenaient debout devant les portes des