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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/279

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JOURNAL DE MONSIEUR MURE.

camp de Médéah !… » Ses colères, toujours violentes et soudaines, n’ont pas plus de portée. Et il fait autant de tours de Cours, de son pas alerte d’ancien chasseur à pied, en prenant parfois au passage le menton de quelque petite bonne.

Enfin, la ville. On en a tant parlé, les premières semaines, de « la belle madame Moreau », que le sujet commence à être épuisé. Elle n’est plus là ! Son grand air, l’aisance et la grâce parisienne de son allure, ses toilettes n’offusquent plus. On sait qu’elle ne reviendra jamais ! Madame Jauffret, la longue asperge montée, est seule à la dénigrer encore. De loin en loin, si quelque canard est dans l’air, il ne vient que de là. L’autre hiver le bruit ne courait-il pas que la belle madame Moreau était à Nice, s’affichant chaque après-midi sur la Promenade des Anglais, dans la voiture d’un prince russe ! La voiture était même attelée en tandem ! Eh bien, précisément, le petit Jauffret, accompagné de sa femme, venait de reperdre à Monaco quelques milliers de francs gagnés ici au cercle… Cet été, les Jauffret sont allés à Vichy : à leur retour, madame Moreau ne chantait-elle pas dans une troupe de province, sous le nom de « Helléna Dervalli !… » Maintenant, il est vrai que la femme du nouveau conservateur des eaux et forêts fait parler d’elle, et qu’on dit à chaque instant : « Elle fera un jour comme madame Moreau ! » Mais, au prochain scandale, la femme du conservateur des eaux et forêts servira à son tour de terme