Aller au contenu

Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
LA FIN DE LUCIE PELLEGRIN

Madame Printemps n’était sans doute pas loin. Son étui à lunettes se trouvait sur la table, à côté du panier de petits pois qu’elle avait commencé d’écosser. On entra dans sa loge pour l’attendre. Miss se coucha sur son divan sans façons. Héloïse lui écossa ses petits pois. Marie la frisée se posa sur le nez ses lunettes. Cependant madame Printemps ne revenait plus.

La grande Adèle perdit patience la première.

— Bah ! allons tout de suite sonner là-haut… Morte ou non, que diable ! on nous ouvrira, et j’ai un prétexte… Nous lui rapportons la chienne qui est venue s’égarer chez Victor.

Et prenant Miss dans les bras, comme elle aurait porté un enfant, elle monta la première. Les autres suivaient une à une, la main à la rampe. Le bruit de leurs pas s’étouffait sur le tapis tendu de marche en marche, où le pied maigre de Lucie Pellegrin ne se poserait peut-être plus. À l’entresol, un mot de Marie la frisée, qui venait la dernière, leur parut très drôle :

— Mes enfants, quelle procession !

Elles montaient en contenant de moins en moins leur fou rire, elles allaient éclater bruyamment, quand tout à coup, de la main, la grande Adèle leur fit signe de se taire. La porte de l’appartement de Lucie Pellegrin était grande ouverte.