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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/75

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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

luxe. Le marquis avait retrouvé dans sa cave, autrefois célèbre, quelques dernières bouteilles, auxquelles M. Fraque fit honneur.

Après le café, vers dix heures, Hector ne fut pas fâché quand le marquis les laissa pour passer une heure au cercle, en attendant la messe de minuit où Zoé voulait aller. Mais il ne put guère profiter de ce premier tête à tête.

Zoé lui fit allumer un cigare.

— Maintenant, je ne vous ai pas dit, mon cousin, je ne puis causer avec vous ce soir, je… suis en retraite. Mais je vais vous faire de la musique. Installez-vous dans ce fauteuil.

Et elle se mit au piano, un de ces antiques pianos carrés, datant de l’Empire. Il y manquait des cordes. Certaines notes faisaient un bruit fêlé de clavecin. Elle ne joua que de vieux Noëls. Quand le marquis revint du cercle, on partit pour Saint-Jean.

L’église était pleine. L’orgue jouait les mêmes airs que mademoiselle de Grandval avait tapotés sur le vieux piano. Ils se placèrent tous trois, le marquis entre les deux jeunes gens, au banc vermoulu de la famille de Grandval. Le marquis était radieux : il avait dû gagner quelques louis au cercle. Zoé se mit de suite à genoux et resta tout le temps en prières, le visage dans les mains. Hector pensait à sa messe de minuit de l’année précédente, à Paris. Avec des jeunes gens et des femmes, il était entré à la Madeleine. On n’avait pu faire dix pas à cause de la foule