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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/81

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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

savait, et le gérant du cercle venait de lui refuser tantôt cent francs. Maintenant, après cet affront, voici que sa fille, sans le consulter, compromettait peut-être leur dernière ressource.

Elle, alors, vint lui prendre les deux mains, et lui dit :

— Ne vous inquiétez pas, mon père. Vous verrez… Tout s’arrangera.

Tout à coup, le vieux joueur se leva, transporté :

— Tu es une fée, toi ! s’écria-t-il en pressant sa fille dans ses bras.

Zoé venait de lui glisser dans le gousset quelque chose de lourd, de l’or : ses économies de jeune fille roulées dans du papier.

À la même heure, M. Fraque marchait encore de long en large, dans sa vaste chambre. La bougie, sur la table de nuit, ne répandait, au milieu des ténèbres, qu’une lueur de ver luisant. M. Fraque ne savait que faire. Il en voulait à cette échappée de couvent, laide, de le troubler ainsi. Il avait comme une rage de la revoir « pour lui dire son fait. » Par moments, il sentait bien vaciller en lui comme un doute sur la sincérité de la jeune fille. Mais le pauvre garçon en était à désirer que Zoé eût menti en disant qu’elle ne pouvait vouloir de lui. Vers le matin, cette fièvre se calma. Il souffla la bougie, se laissa tomber tout habillé sur son lit. En face de l’alcôve, dans la pâleur du jour naissant, se détachaient les cadres des portraits de son père et de sa mère. M. Fraque prit alors