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Page:Alexis - Le Collage.djvu/11

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LE COLLAGE

substantiel, arrosé d’un bordeaux de propriétaire. On ne prend pas de café le soir, dans cette maison. Seulement une tasse de thé léger, avec de la crème et des petits fours, vers les onze heures.

Ce n’est pas non plus l’impression des charmes de madame Germondy. Outre que le mari est pour moi une sorte de frère aîné, auquel, pour rien au monde, je ne voudrais causer du désagrément, je considère cette femme comme la plus foncièrement honnête, la plus inattaquable de toutes les mères de famille. Même autrefois, lorsqu’elle était toute jeune et gaie, du vivant de ses deux amours de babys, je ne m’y serais pas frotté. Encore moins aujourd’hui ! Aujourd’hui que, dans le vide de la maison sans enfants, madame Germondy, à jamais triste, commence à avoir quelques cheveux blancs. Elle ne songe même pas à les teindre.

Alors qu’est-ce donc ? Je ne me sens plus dans ma sérénité ordinaire. Pourquoi ?


Un autre lundi.

Ce soir, il y a eu un extra : de la langouste ! Cet imprudent de Germondy en a repris trois fois. Puis, pour que la débauche fût complète, au sortir de table, on a tapé sur la chartreuse verte. Mon gourmand a été jusqu’à minuit d’une humeur charmante. Il s’est intéressé à moi, à ma