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Page:Alexis - Le Collage.djvu/99

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LE COLLAGE

taient de beaux habits, achetés sans doute avec la « galette » de ces dames. Il n’y avait donc plus rien en France, ni progrès, ni pudeur, ni justice ! Alors, à quoi étaient bons ces deux grands flandrins de « sergents de ville », plantés là, depuis un quart d’heure, devant la « buvette nationale », et regardant ce monde propre, du coin de l’œil, avec un sourire de paternelle indulgence ?

Aussi, aigri par ses inquiétudes personnelles, il se tenait à quatre pour ne point se mêler de choses qui ne le regardaient en rien. N’était-il pas à une de ces heures d’énervement, de colère concentrée, qu’Adèle connaissait autrefois, et où il n’eût point fallu lui dire un mot. Qu’un de ces étonnants messieurs seulement le regardât de travers : Jacques était bien disposé à lui régler son affaire. Tant pis si les gardiens de la paix le traînaient au poste.

Tout était donc sur le point de se gâter. Ça menaçait de devenir complètement du vilain, lorsque, soudain, une petite musique gaie, sautillante, arriva à ses oreilles, fit diversion. C’était un joueur d’accordéon, son instrument en bandoulière, qui jouait une polka.

— Tiens elle est bien bonne ! fit Blondinette. Une polka ?… Monsieur, une petite polka ?

— Plutôt une valse dit la belle brune, la boutiquière cossue, « Madame ».

Et, dans la passion de son désir, reparut une