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Page:Alexis de Tocqueville - L'Ancien Régime et la Révolution, Lévy, 1866.djvu/313

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Convention nationale le système que les États provinciaux et les petites municipalités des villes avaient suivi, et comment, de ce qui n’avait été jusque-là qu’une cause d’embarras dans les affaires, on fit sortir tout à coup la Terreur.

Les assemblées provinciales de 1787 reçurent donc le droit d’administrer elles-mêmes, dans la plupart des circonstances où, jusque-là, l’intendant avait seul agi ; elles furent chargées, sous l’autorité du gouvernement central, d’asseoir la taille et d’en surveiller la perception, d’arrêter quels devaient être les travaux publics à entreprendre et de les faire exécuter. Elles eurent sous leurs ordres immédiats tous les agents des ponts-et-chaussées, depuis l’inspecteur jusqu’au piqueur des travaux. Elles durent leur prescrire ce qu’elles jugeaient convenable, rendre compte du service de ces agents au ministre, et proposer à celui-ci les gratifications qu’ils méritaient. La tutelle des communes fut presque entièrement remise à ces assemblées ; elles durent juger en premier ressort la plus grande partie des affaires contentieuses, qui étaient portées jusque-là devant l’intendant, etc. : fonctions dont plusieurs convenaient mal à un pouvoir collectif et irresponsable, et qui, d’ailleurs, allaient être exercées par des gens qui administraient pour la première fois.

Ce qui acheva de tout brouiller, fut qu’en réduisant ainsi l’intendant à l’impuissance, on le laissa néanmoins subsister. Après lui avoir ôté le droit absolu de tout faire, on lui imposa le devoir d’aider et de surveiller