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Page:Alexis de Tocqueville - L'Ancien Régime et la Révolution, Lévy, 1866.djvu/439

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des religions ; tant les défauts de l’esprit de ses maîtres avaient altéré les qualités propres du sien.



Cet esprit de progrès, qui se faisait voir en France à la fin du dix-huitième siècle, apparaissait à la même époque dans toute l’Allemagne, et partout il était de même accompagné du désir de changer les institutions. Voyez cette peinture que fait un historien allemand de ce qui se passait alors dans son pays :

« Dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, dit-il, le nouvel esprit du temps s’introduit graduellement dans les territoires ecclésiastiques eux-mêmes. On y commence des réformes. L’industrie et la tolérance y pénétrèrent partout ; l’absolutisme éclairé qui s’était déjà emparé des grands États se fait jour même ici. Il faut le dire, à aucune époque du dix-huitième siècle on n’avait vu dans ces territoires ecclésiastiques des princes aussi remarquables et aussi dignes d’estime que précisément pendant les dernières dizaines d’années qui précédèrent la Révolution française. »

Il faut remarquer comme le tableau qu’on fait là ressemble à celui que présentait la France, où le mouvement d’amélioration et de progrès commence à la même époque, et où les hommes les plus dignes de gouverner paraissent au moment où la Révolution va tout dévorer.

On doit reconnaître aussi à quel point toute cette partie de l’Allemagne était visiblement entraînée dans le mouvement de la civilisation et de la politique de la France.