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Page:Alexis de Tocqueville - Souvenirs, Calmann Levy 1893.djvu/411

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cipiter les négociations en faisant peur ; il se montra très facile sur les conditions.

Le prince de Schwarzemberg me fit donner toutes sortes d’explications et d’excuses, et la paix fut définitivement signée le 6 août ; paix inespérée pour le Piémont après tant de fautes et de malheurs, puisqu’elle lui assura plus d’avantages qu’il n’avait osé d’abord en réclamer.

Cette affaire mit très en relief les habitudes de la diplomatie anglaise, et, en particulier, celle de lord Palmerston qui la dirigeait ; le trait mérite d’être cité. Depuis le commencement de la négociation, le gouvernement anglais n’avait cessé de montrer beaucoup d’animosité contre l’Autriche et d’encourager hautement les Piémontais à ne point se soumettre aux conditions que celle-ci leur voulait imposer ; ce qui l’avait fait bien venir à Turin. Mon premier soin, après avoir pris les résolutions que je viens d’indiquer, fut de les faire connaître à l’Angleterre et de chercher à l’engager dans la même voie. J’envoyai donc à Drouyn de Lhuys, qui était alors ambassadeur à Londres, copie de ma dépêche, et je lui enjoignis d’en donner lecture à lord Palmerston et de savoir quelles étaient les intentions de ce ministre. — « Pendant que j’instruisais lord Palmerston de vos résolutions et de vos instructions que vous aviez transmises à M. de