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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/103

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MESSIANISME, APRÈS L’EXIL : DANIEL


Material zum Bûche Daniel ? dans Zeitschrift fur die A. T. Wissenschaft, 1926, p. 38sq., et Das Aramàische im Bâche Daniel, ibidem., 1927, p. 81 sq. Deuxièmement les indications qui se rapportent au temps précédent ne sont pas de vraies prophéties, mais des prédictions fictives.

Les exégètes catholiques qui s’y sont ralliés font observer qu’aucun enseignement officiel de l’Église ne s’y oppose, et que le livre garde nonobstant une haute importance messianique. D’autre part ceux qui maintiennent l’opinion ancienne sur l’origine daniélique du livre, ne pouvant plus se dérober à la constatation de l’accord frappant entre les prétendues prophéties du c. xi et l’histoire des Lagides, des Séleucides, d’Antiochus Épiphane, avouent qu’il est contraire aux règles ordinaires du prophétisme. Us cherchent à expliquer cet accord par des interpolations postérieures. C’est ainsi que Riessler, Das Buch Daniel, 1902, p. xi-xiii, suppose que, du temps des Mæhabées, des interprètes de l’Écriture sainte qui rapportaient des textes de notre livre à Antiochus Épiphane, les ont élargis par des gloses. Hoberg lui-même, dans la 5e édition de Kaulen, Einleitung in die Heilige Schrift des A. und N. Testamentes, t. ii, 1913, p. 250, écrit : « Où le texte actuel est tout à fait concret, il a dû être augmenté plus tard par la description de l’accomplissement des prophéties. »

Les visions de Daniel sont au nombre de cinq et se trouvent renfermées dans les chapitres ii, vii, viii îx, x-xii ; elles sont toutes parallèles entre elles et se complètent progressivement. « Chacune progresse sur la précédente en plus de clarté », Bigot. Elles contiennent deux séries de révélations. Les unes se rapportent à l’histoire du monde et d’Israël à partir de Daniel jusqu’à la fin de l’ordre actuel, les autres à l’établissement du royaume messianique. Pour plus de clarté chaque groupe mérite d’être étudié à part.

2° Développement du monde à partir de l’époque de Daniel jusqu’à l’établissement du royaume messianique.

— 1. Les quatre empires. — La première série des révélations contient un aperçu de l’histoire postexilienne jusqu’à la réalisation du royaume de Dieu sur la terre. Cette histoire se déroule en quatre périodes remplies par le gouvernement de quatre empires successifs. C’est ce que nous apprenons par le songe de Nabuchodonosor et par l’interprétation qu’en donne Daniel, ii, ainsi que par la première vision de ce dernier, vu.

Nabuchodonosor voit une statue énorme dont la tête est d’or, la poitrine et les bras d’argent, le ventre et les cuisses d’airain, les jambes de fer, les pieds de fer et d’argile. Daniel lui révèle que ces quatre parties figurent quatre empires dont le premier est celui de Babylone qui sera remplacé par un autre moins puissant, pour faire place à un troisième, « qui commandera à toute la terre », ii, 39. Celui-ci sera à son tour suivi d’un quatrième « qui sera puissant comme le fer et brisera les précédents », ii, 40, mais qui sera d’autre part divisé en plusieurs dont les différents rois contracteront entre^eux des mariages sans pouvoir cependant se consolider.

Ce songe et son explication sont éclaircis par la vision sur les quatre animaux que le prophète voit surgir successivement de la mer, vu. Le premier’est comme un lion avec des ailes d’aigle. Le second ressemble à un ours et tient trois côtes dans sa bouche. Le troisième est semblable à une panthère et a quatre ailes et quatre têtes. Le quatrième a un aspect tout différent des trois autres ; il est plus féroce qu’eux. II a dix cornes, entre lesquelles pousse tout à coup une autre petite corne qui arrache trois des premières. Elle reçoit ensuite des yeux d’homme et une bouche qui parle avec emphase. Daniel apprend par un ange

que les « quatre bêtes puissantes sont quatre rois qui se lèveront de la terre », vii, 17, et comme il désire savoir en détail ce qu’il en est de la quatrième bête, il reçoit les renseignements suivants. Cette bête représente un quatrième empire qui dévorera toute la terre. Ses dix cornes figurent dix rois, et la petite corne qui pousse après est le symbole du dernier roi qui surgira. « Et il proférera des paroles contre le Très-Haut et il tourmentera les saints du Très-Haut, et il aura l’intention de changer les temps et la loi, et ils seront livrés dans sa main jusqu’à un temps, des ( =deux) temps et la moitié d’un temps, vii, 25.

L’identification de ces quatre empires avec des royaumes historiques a été entreprise surtout de deux façons. Jusqu’au xix c siècle, l’on prenait assez unanimement le royaume néo-babylonien fondé par Nabuchodonosor pour le premier, le royaume médoperse établi par Cyrus pour le second, le royaume grec d’Alexandre pour le troisième et l’empire romain pour le quatrième. D’après une autre conception proposée déjà dans l’antiquité par saint Éphrem, Polychronius, Cosmas Indicopleustès et Porphyre, soutenue au xviie siècle par Bossuet, Hugo Grotius, Houbigant, dom Calmet, et acceptée aujourd’hui par tous les exégètes qui considèrent le livre de Daniel comme une apocalypse, le quatrième empire n’est pas celui des Romains, mais un royaume qui est antérieur à celui-ci et dont le dernier et le plus mauvais roi est Antiochus Épiphane. Les uns, après avoir subdivisé l’empire médo-perse en deux, identifient ce quatrième avec l’empire grec, en tant qu’il comprend celui d’Alexandre ainsi que ceux des quatre diadoques, les autres seulement avec l’un des royaumes des diadoques, le royaume syrien des Ptolémées, tandis qu’ils continuent à voir les trois autres dans les empires babyloniens, médo-perse et grec. Mais, d’après tous, le quatrième empire aboutit à Antiochus Épiphane, de sorte que les dix rois sont ses prédécesseurs.

Ce qui est capital, pour décider entre ces deux conceptions, c’est le contenu de la troisième vision, vm, et encore davantage de la cinquième, x-xi ; car il y a là, viii, 9-14, et surtout xi, 21-45, des détails tellement précis sur les faits et gestes du roi qui a causé l’insurrection machabéenne, qu’il en résulte que c’est lui que l’auteur décrit. « Tout le monde est d’accord que le chapitre xi doit s’interpréter du temps de Séleucides et des Lagides, et spécialement d’Antiochus Épiphane. Cela est concédé même par le P. Knabenbauer, et on s’entendait là-dessus déjà au temps de saint Jérôme, au moins jusqu’au verset 21. » Lagrange, loc. cit., p. 494. Et comme « les prophéties de Daniel… n’ont qu’un seul grand objet, qui est de faire voir à Daniel ce qui doit arriver à sa nation, et dans tout l’Orient, depuis le règne de Cyrus jusqu’à celui d’Antiochus Épiphane », Calmet, Commentaire, éd. 1700, p. 537, le quatrième empire païen ne peut être que celui dont l’hostilité envers Dieu a son point culminant dans Antiochus Épiphane. Son règne amènera la fin de l’ordre actuel. Le dernier événement historique est la mort de ce tyran, xi, 40-45.’2. Calcul de la fin du quatrième empire. — Cette fin des temps n’est pas seulement rattachée à l’époque d’Antiochus Épiphane, elle est en outre précisée par le calcul si célèbre des soixante-dix semaines, ix. Daniel, troublé par le fait que, contrairement à une prophétie de Jérémie qui prévoyait une durée de soixante-dix ans pour la ruine de Jérusalem, la restauration n’a pas encore eu lieu, reçoit de la bouche de l’archange Gabriel la révélai ion que les soixante-dix semaines sont en réalité « oixante dix semaines d’années, donc quatre cent quatre-vingt-dix années. Ce temps se divisera en trois périodes de sept semaines,