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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/114

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MESSIANISME, LA LITTERATURE APOCRYPHE


on apportera des trésors au temple. Les Juifs seront les juges et les rois des hommes ; la paix régnera aussi parmi les animaux, 727-796.

Le livre se termine par l’énumération des signes qui, annonceront la fin de toutes choses, tels que l’apparition de glaives dans le ciel étoile, l’obscurcissement du soleil et de la lune, des combats dans les nuées, des gouttes de sang sur les rochers, 796-807.

Les Psaumes de Salomon.

Les psaumes apocryphes

nommés psaumes de Salomon nous amènent vers le milieu du I er siècle avant Jésus-Christ, à l’époque où d’un côté la décadence des derniers représentants de la dynastie asmonéenne, de l’autre la prise de Jérusalem par Pompée, 63 av. J.-C, remplirent les cœurs des Hiérosolymitains pieux, des pharisiens surtout, de la plus poignante amertume. Leur unique consolation était de se confier à Dieu qui rétablirait complètement Israël en envoyant le Messie. Ils exprimèrent leurs angoisses et leurs espérances dans des psaumes dont dix-huit sont conservés ; le xvii » est le plus important pour le messianisme : Dieu restera toujours et malgré tout le roi suprême d’Israël, xvii, 1, 3-4, 6. Mais au-dessous de lui, comme autrefois, il y aura de nouveau un roi terrestre, issu de la souche de David, xvii, 5. Dans une ardente prière sa venue est implorée : « Fais-leur (aux Israélites) surgir leur roi, le fils de David, au moment que tu as choisi…, ceins-le de force pour qu’il écrase les chefs injustes et purifie Jérusalem des païens qui la foulent misérablement », xvii, 21-23. Il apparaîtra « puissant par ses actes et fort en la crainte de Dieu », xvii, 7-40 ; il sera exempt de tout péché, xvii, 36, instruit par Dieu, sage et juste, xvii, 32. Il ne mettra pas sa confiance en des chevaux et des cavaliers, et pour renverser ses ennemis il n’aura pas besoin de guerroyer, xvii, 33. Par la simple parole de sa bouche il frappera toute la terre et anéantira les païens impies, xvii, 35 ; son sceptre de fer brisera l’orgueil des pécheurs, xvii, 23-24. Il réunira les Israélites en leur pays et les y distribuera selon leurs tribus ; tous seront saints ; aucune injustice ne sera plus commise par eux ; aucun païen ne souillera plus le sol palestinien, xvii, 26-29. Des nations païennes serviront Israël, xvii, 30, des peuples venus des extrémités de la terre viendront pour le voir dans son bonheur, et porteront comme cadeau les fils d’Abraham qui sont épuisés par l’exil, xvii, 31.

Tandis que toutes ces idées du ps. xvii sont homogènes et rentrent dans le cadre du messianisme ancien, celles des autres psaumes sont disparates entre elles et différentes du psaume xvii. Abstraction faite de quelque versets du ps. xvin qui sont une imitation du ps. xvii, l’idée d’un Messie personnel ne s’y trouve pas. Il y est tout simplement question de l’aide du salut, de la gloire que Jahvé apportera le jour où il aura pitié de la maison de Jacob, ii, 31 ; vii, 10 ; x, 8 ; xii, 6 ; de la réunion des dispersés, viii, 28 ; xi. D’autre part l’eschatologie transcendante y est mêlée au messianisme terrestre : « Ceux qui craignent le Seigneur ressusciteront pour la vie éternelle et leur vie sera dans la lumière qui ne s’éteindra jamais », m. 12. La date de la résurrection n’est pas indiquée ; les expressions « quand il visitera les justes », iii, 11, « au jour de la grâce pour les justes », xiv, 9, font supposer que le retour des défunts à la vie coïncidera avec l’établissement du règne messianique. Les ressuscites se joindront aux justes vivants. Ensemble ils « auront la vie éternelle et formeront le paradis du Seigneur », xiv, 3. Les impies ne ressusciteront pas. Immédiatement après leur mort ils sont livrés aux peines de l’enfer dont ils ne seront jamais délivrés, iii, 11 ; xiv, 9 ; xv, 10 ; xvi, 2. A eux seront associés les méchants qui vivront encore quand arrivera la fin de l’ordre actuel. Par le

jugement de Jahvé ils seront séparés des justes et punis pour toujours, ii, 32-34.

6° Le troisième livre sibyllin (vers 36-92). — Tout en faisant partie du IIIe livre sibyllin, ces vers sont beaucoup plus récents que les morceaux primitifs de ce livre. Ils sont placés par la plupart des auteurs entre 40 et 30 av. J.-C ; voir Frey, col. 426 ; Schiirer, t. iii, p. 440 sq. Ils contiennent un important oracle messianique : « Quand Rome dominera aussi l’Egypte, le plus grand royaume du roi immortel (= Dieu) apparaîtra. Le prince saint (= le Messie) viendra pour tenir le sceptre sur toute la terre en toute éternité », 40-50. Alors trois hommes (allusion aux triumvirs Antoine, Lépide, Octave) perdront Rome. En même temps la colère impitoyable de Dieu se répandra sur les hommes qui périront par le feu, sur l’univers qui s’écroulera, 51-62. Plus tard viendra de Sébaste (= Samarie) Béliar. Il fera surgir de hautes montagnes, arrêtera les mouvements de la mer, du soleil et de la lune, ressuscitera les morts. Il trompera beaucoup d’hommes juifs et païens ; mais finalement il sera brûlé « par une puissance de feu » qui viendra sur un flot, 63-73. Cette prophétie sur Béliar est regardée par Geffcken et Volz comme chrétienne, tandis que Bousset, Schiirer et Frey en maintiennent le caractère juif. Si les premiers ont raison, Béliar est l’Antéchrist ; dans l’autre cas il est Satan.

Les vers 75-92 contiennent une nouvelle annonce de la fin du monde qui arrivera quand une femme (allusion probable à Cléopâtre) sera « la reine de toute la terre. »

L’Assomption de Moïse.

Quelques années après

la mort d’Hérode le Grand, l’espérance messianique reçut une expression énergique et neuve dans l’apocalypse intitulée Assomption de Moïse.

Avant de mourir, le fondateur de la religion juive lègue ses pouvoirs à Josué, et surtout il lui révèle les destins futurs du peuple élu jusqu’à l’époque des fils d’Hérode (date de composition du livre). Pour l’époque qui suivra leur règne, il est censé annoncer que « les temps prendront fin », vii, 1. Il y aura une terrible oppression des Israélites par des hommes cruels et impies, vii, 7, surtout par un roi diabolique, viii, 1. A la suite de cette tribulation Israël fera pénitence, ix, 6-7 ; i, 18, de sorte que Dieu interviendra pour sauver et glorifier son peuple. L’apparition de Dieu est décrite d’une façon impressionnante. Dès que le règne du Très-Haut aura commencé, le diable disparaîtra et avec lui toute tristesse, x, 1. Par contre « l’ange qui se trouve à la place la plus élevée » viendra venger Israël de ses ennemis, x, 2. Cet ange jouera donc le même rôle que l’archange Michel dans Daniel. Alors :

3. Le céleste se lèvera du trône de son règne, et sortira de sa demeure sainte,

avec indignation et colère en faveur de ses fils.

4. Et la terre tremblera et sera ébranlée jusqu’à ses

[extrémités,

et les hautes montagnes seront abaissées et secouées, et tomberont (dans) les vallées. [ténèbres,

5. Le soleil ne donnera plus de lumière et se changera en les cornes de la lune seront brisées et elle se changera et le concert des étoiles sera troublé, [toute en sang,

6. Et la mer descendra jusqu’à l’abîme, et les sources d’eau manqueront,

et les fleuves seront dans l’effroi.

7. Car il se lève le Dieu suprême, seul éternel, et il se manifestera pour punir les nations,

et il détruira toutes leurs idoles.

8. Alors tu seras heureux, Israël,

et tu monteras sur la nuque et sur les ailes des aigles, et elles seront en liées (pour voler).

9. Et Dieu te haussera

et te fixera au ciel des étoiles,

lieu où elles résident, et tu regarderas d’en haut,